Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/176

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En Amérique, on a mieux trouvé. Il y a déjà un certain nombre de villes dans lesquelles l’eau chaude est envoyée à domicile, tout comme l’eau froide chez nous. Dans ces conditions, le problème était d’une grande simplicité, et une femme, Mme Cockrane, l’a résolu. Sa machine lave vingt douzaines d’assiettes ou de plats, les essuie et les sèche en moins de trois minutes. Une usine de l’Illinois fabrique ces machines, qui se vendent à un prix accessible aux ménages moyens. Et quant aux petits ménages, ils enverront leur vaisselle à l’établissement tout comme leurs souliers. Il est même probable que les deux fonctions, — cirage et lavage, — seront faites par la même entreprise.


Nettoyer les couteaux ; s’écorcher la peau et se tordre les mains en lavant le linge pour en exprimer l’eau ; balayer les planchers ou brosser les tapis en soulevant des nuages de poussière, qu’il faut déloger ensuite à grand’peine des endroits où elle va se poser, tout cela se fait encore parce que la femme est toujours esclave ; mais cela commence à disparaître, toutes ces fonctions se faisant infiniment mieux à la machine ; et les machines de toute sorte s’introduiront dans le ménage, lorsque la distribution de la force à domicile permettra de les mettre toutes en mouvement, sans dépenser le moindre effort musculaire.

Les machines coûtent fort peu, et si nous les payons encore très cher, c’est parce qu’elles ne sont pas d’usage général, et surtout parce qu’une taxe exorbitante, de 75 pour 100, est tout d’abord prélevée par les messieurs qui ont spéculé sur le sol, la matière première, la fabrication, la vente, la patente,