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Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/185

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ger des millions de voyageurs et des montagnes de marchandises à travers tout un continent ? Si les compagnies propriétaires des chemins de fer ont pu s’entendre, pourquoi les travailleurs qui prendraient possession des lignes ferrées ne s’accorderaient-ils pas de la même manière ? Et si la compagnie de Pétersbourg-Varsovie et celle de Paris-Belfort peuvent agir avec ensemble sans se donner le luxe d’un commandeur pour l’une et pour l’autre, pourquoi dans le sein de nos sociétés, chacune d’elles constituée par un groupe de travailleurs libres, aurait-on besoin d’un gouvernement ? »


II


Lorsque nous essayons de démontrer par des exemples qu’aujourd’hui même, malgré l’iniquité qui préside à l’organisation de la société actuelle, les hommes, pourvu que leurs intérêts ne soient pas diamétralement opposés, savent très bien se mettre d’accord sans intervention de l’autorité, nous n’ignorons pas les objections qui nous seront adressées.

Ces exemples ont leur côté défectueux, car il est impossible de citer une seule organisation exempte de l’exploitation du faible par le fort, du pauvre par le riche. C’est pourquoi les étatistes ne manqueront certainement pas de nous dire avec la logique qu’on leur connaît : « Vous voyez bien que l’intervention de l’État est nécessaire pour mettre fin à cette exploitation ! »