Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/247

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serait, du reste, tempéré par l’intervention sociale pour l’éducation des enfants et des jeunes gens (y compris l’entretien et la nourriture) et par l’organisation sociale de l’assistance des infirmes et des malades, de la retraite pour les travailleurs âgés, etc. »

Ils se doutent que l’homme de quarante ans, père de trois enfants, a d’autres besoins que le jeune homme de vingt. Ils se doutent que la femme qui allaite son petit et passe des nuits blanches à son chevet, ne peut pas faire autant d’œuvres que l’homme qui a tranquillement dormi. Ils semblent comprendre que l’homme et la femme usés à force d’avoir, peut-être, trop travaillé pour la société, peuvent se trouver incapables de faire autant d’œuvres que ceux qui auront passé leurs heures à la douce et empoché leurs « bons » dans des situations privilégiées de statisticiens de l’État.

Et ils s’empressent de tempérer leur principe. —  « Mais oui, disent-ils, la société nourrira et élèvera ses enfants ! Mais oui, elle assistera les vieillards et les infirmes ! Mais oui, les besoins seront la mesure des frais que la société s’imposera pour tempérer le principe des œuvres. »

La charité — quoi ! La charité, toujours la charité chrétienne, organisée cette fois-ci par l’État.

Améliorer la maison des enfants trouvés, organiser l’assurance contre la vieillesse et la maladie, — et le principe sera tempéré ! — « Blesser pour guérir ensuite » ils n’en sortent pas !


Ainsi donc, après avoir nié le communisme, après avoir raillé à leur aise la formule « À chacun selon ses besoins », ne voilà-t-il pas qu’ils s’aperçoivent aussi, les grands économistes, qu’ils ont oublié quel-