gouvernement dans les provinces, pour frapper l’ancien régime dans ses attributions gouvernementales et ses privilèges économiques, il fallait le large soulèvement du peuple — dans les villes, les bourgs et les hameaux. C’est précisément ce qui se produisit dans le courant de juillet, sur de vastes étendues de la France.
Les historiens, qui tous, sciemment ou non, ont suivi de très près les Deux amis de la liberté, ont généralement représenté ce mouvement des villes et des campagnes, comme une conséquence de la prise de la Bastille. La nouvelle de ce succès aurait soulevé les campagnes. Les châteaux furent brûlés, et ce soulèvement des paysans sema tant de terreurs, que le 4 août les nobles et le clergé abdiquèrent leurs droits féodaux.
Cependant, cette version n’est vraie qu’à demi. En ce qui concerne les villes, il est exact qu’un grand nombre de soulèvements urbains eurent lieu sous l’influence de la prise de la Bastille. Les uns, comme celui de Troyes le 18 juillet, de Strasbourg le 19, de Cherbourg le 21, de Rouen le 24, de Maubeuge le 27, suivirent de près le soulèvement de Paris, tandis que les autres continuèrent pendant les trois ou quatre mois suivants, — jusqu’à ce que l’Assemblée nationale eût voté la loi municipale du 14 décembre 1789, qui légalisait la constitution d’un gouvernement municipal de la bourgeoisie, favorisé par une très grande indépendance vis-à-vis du gouvernement central.
Mais en ce qui concerne les paysans, il est évident qu’avec la lenteur des communications à cette époque, les vingt jours qui se passèrent entre le 14 juillet et le 4 août, sont absolument insuffisants pour expliquer