va de même des institutions, quand elles sont un produit organique de la vie ; et c’est pourquoi les révolutions ont cette immense importance dans la vie des sociétés, qu’elles permettent aux hommes de s’appliquer à ce travail organique, constructif, sans être gênés dans leur œuvre par une autorité qui forcément représente toujours les siècles passés.
Jetons donc un coup d’œil sur quelques-unes de ces révolutions communales.
Les nouvelles, en 1789, se répandaient avec une lenteur qui nous semble aujourd’hui inconcevable. Ainsi, à Château-Thierry le 12 juillet, à Besançon le 27, Arthur Young ne trouvait pas un seul café, pas un seul journal. Les nouvelles dont on causait étaient vieilles de quinze jours. À Dijon, neuf jours après la grande insurrection de Strasbourg et la prise de l’Hôtel-de-Ville par les insurgés, personne n’en savait encore rien. Mais les nouvelles qui venaient de Paris, alors même qu’elles prenaient un caractère légendaire, ne pouvaient que pousser le peuple à l’insurrection. Tous les députés, disait-on, avaient été mis à la Bastille ; et quant aux « atrocités » que Marie-Antoinette aurait commises, tout le monde en parlait avec une parfaite assurance.
À Strasbourg, les troubles commencèrent le 19 juillet, aussitôt que la nouvelle de la prise de la Bastille et de l’exécution de de Launey se répandit en ville. Le peuple en voulait déjà au Magistrat (au conseil municipal) pour la lenteur qu’il avait mise à communiquer aux « représentants du peuple », c’est-à-dire aux électeurs, les résultats de ses délibérations sur le cahier de doléances rédigé par les gens pauvres. Alors la foule se