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XVI

LE SOULÈVEMENT DES PAYSANS


Depuis l’hiver de 1788 et surtout depuis mars 1789, le peuple, disions-nous, ne payait plus les redevances aux seigneurs. Qu’il y eût été encouragé par des révolutionnaires bourgeois — rien de plus vrai : il se trouvait beaucoup d’hommes parmi la bourgeoisie de 1789, qui comprenaient que sans un soulèvement populaire, ils n’auraient jamais raison du pouvoir absolu. Que les discussions des Assemblées des Notables, dans lesquelles on parla de l’abolition des droits féodaux, aient encouragé l’émeute, et que la rédaction, dans les paroisses, des cahiers (qui devaient servir de guides pour les représentants aux premières élections) ait agit dans la même direction — cela se comprend. Les révolutions ne sont jamais un résultat du désespoir, ainsi que le pensent souvent les jeunes révolutionnaires qui croient généralement que de l’excès du mal peut sortir le bien. Au contraire, le peuple, en 1789, avait entrevu une