Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/185

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devaient être perçues comme auparavant. — « Jusqu’à quand ? » demandaient les paysans ; et on leur répondait : « Jusqu’à ce que l’on ait trouvé les moyens de payer autrement le clergé ! » Et comme les finances du royaume allaient de mal en pis, le paysan se demandait avec raison, si jamais les dîmes seraient abolies. L’arrêt du travail et la tourmente révolutionnaire empêchaient évidemment les impôts de rentrer, tandis que les dépenses pour la nouvelle justice et la nouvelle administration allaient nécessairement en augmentant. Les réformes démocratiques coûtent, et ce n’est qu’à la longue qu’une nation en révolution arrive à payer les frais de ces réformes. En attendant, le paysan devait payer les dîmes, et jusqu’en 1791 on continua à les lui réclamer d’une façon très sévère. Et comme le paysan ne voulait plus les payer, c’étaient loi sur loi et peines sur peines que l’Assemblée décrétait contre les retardataires.

La même observation est à faire à propos du droit de chasse. Dans la nuit du 4 août, les nobles avaient renoncé à leur droit de chasse. Mais lorsqu’on voulut formuler ce que cela voulait dire, on s’aperçut que cela signifierait donner le droit de chasse à tous. Alors l’Assemblée recula, et elle ne fit qu’étendre le droit de chasse, « sur leurs terres », à tous les propriétaires, ou plutôt aux possesseurs de biens-fonds. Cependant, là encore on laissa planer le vague sur la formule à laquelle on s’arrêta définitivement. L’Assemblée abolissait le droit exclusif de chasse et celui des garennes ouvertes, mais elle disait que « tout propriétaire a le droit de détruire et faire détruire, seulement sur ses