Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/186

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héritages, toute espèce de gibier. » Cette autorisation s’appliquait-elle aux fermiers ? C’était douteux. Cependant, les paysans ne voulurent pas attendre ni s’en remettre aux avocats chicaneurs. Immédiatement après le 4 août ils se mirent à détruire partout le gibier des seigneurs. Après avoir vu pendant de longues années leurs récoltes mangées par le gibier, ils détruisirent eux-mêmes les déprédateurs sans en attendre l’autorisation.

Enfin, en ce qui concerne l’essentiel — la grande question qui passionnait plus de vingt millions de Français, les droits féodaux, — l’Assemblée, lorsqu’elle formula en arrêtés les renonciations de la nuit du 4 août, se borna à simplement énoncer un principe.

« L’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal », disait l’article premier de l’arrêté du 5 août. Mais la suite des articles dans les arrêtés du 5 au 11 août expliquait que, seules, les servitudes personnelles, avilissantes pour l’honneur, disparaissaient entièrement. Toutes les autres redevances, quelle qu’en fût l’origine et la nature, restaient. Elles pouvaient être rachetées un jour, mais rien n’indiquait, dans les arrêtés d’août, ni quand, ni à quelles conditions cela pourrait se faire. Aucun terme n’était imposé. Pas la moindre donnée n’était fournie sur la procédure légale au moyen de laquelle le rachat pourrait s’opérer. Rien, rien que le principe, le désideratum. Et, entre temps, le paysan devait payer tout, comme auparavant.

Il y avait quelque chose de pire dans ces arrêtés d’août 1789. Ils ouvraient la porte à une mesure, par laquelle le rachat pouvait être rendu impossible,