Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette Déclaration qui affirmait l’égalité de droits de tous les hommes, l’article 6 qui disait que la loi doit être « la même pour tous », et que « tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation », l’article 10, en vertu duquel « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », et enfin l’article 12 qui déclarait que la force publique était « instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée » — ces affirmations, faites au milieu d’une société où les servitudes féodales existaient encore, et où la famille royale se considérait propriétaire de la France, accomplissait toute une révolution dans les esprits.

Mais il est aussi certain que la Déclaration de 1789 n’aurait jamais exercé l’effet qu’elle exerça plus tard, dans le courant du dix-neuvième siècle, si la Révolution se fût arrêtée aux termes de cette profession de foi du libéralisme bourgeois. Heureusement la Révolution alla bien plus loin. Et lorsque, deux années plus tard, en septembre 1791, l’Assemblée nationale rédigea la Constitution, elle ajouta à la Déclaration des droits de l’homme un préambule à la constitution, qui contenait déjà ces mots : « L’Assemblée nationale… abolit irrévocablement les institutions qui blessaient la liberté et l’égalité des droits. » Et plus loin : « Il n’y a plus ni noblesse, ni pairie, ni distinctions héréditaires, ni distinctions d’ordres, ni régime féodal, ni justices patrimoniales, ni aucun des titres, dénominations et prérogatives qui en dérivaient, ni aucun ordre de chevalerie, ni aucune