Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/200

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des corporations ou décorations pour lesquelles on exigeait des preuves de noblesse ou qui supposaient des distinctions de naissance, ni aucune autre supériorité que celle des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions. — Il n’y a plus ni jurandes, ni corporations de professions, art et métiers [l’idéal bourgeois de l’État omnipotent se fait jour dans ces deux paragraphes]. — La loi ne reconnaît plus ni vœux religieux, ni aucun autre engagement qui serait contraire aux droits naturels et à la Constitution. »

Quand on pense que ce défi fut lancé à une Europe, plongée encore dans les ténèbres de la royauté toute-puissante et des servitudes féodales, on comprend pourquoi la Déclaration des droits de l’homme, que l’on confondait souvent avec le préambule de la constitution qui la suivait, passionna les peuples pendant les guerres de la République et devint plus tard le mot d’ordre du progrès pour toutes les nations de l’Europe pendant le dix-neuvième siècle. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce n’était pas l’Assemblée, ni même la bourgeoisie de 1789 qui exprimèrent leurs désirs dans ce Préambule. C’est la révolution populaire qui les força peu à peu à reconnaître les droits du peuple et à rompre avec la féodalité — nous allons voir bientôt au prix de quels sacrifices.