Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/210

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La réaction relevait la tête ; le conseil municipal de Paris, essentiellement bourgeois, s’enhardissait dans la voie de la réaction. Les royalistes organisaient leurs forces sans trop s’en cacher. La route de Versailles à Metz ayant été garnie de troupes, on parlait tout haut d’enlever le roi et de le diriger sur Metz par la Champagne ou par Verdun. Le marquis de Bouillé, qui commandait les troupes de l’Est, de Breteuil et de Mercy étaient du complot, dont Breteuil avait pris la direction. On accaparait dans ce but tout l’argent possible, et on parlait du 5 octobre comme de la date possible du coup d’État. Le roi partirait ce jour-là pour Metz, où il se placerait au milieu de l’armée du marquis de Bouillé. Là il appellerait auprès de lui la noblesse et les troupes restées fidèles et déclarerait l’Assemblée rebelle.

En prévision de ce mouvement on avait doublé au château de Versailles le nombre des gardes du corps (jeunes gens de l’aristocratie) préposés à la garde du château, et on avait fait venir le régiment de Flandre, ainsi que des dragons. Le 1er octobre, une grande fête fut donnée par les gardes du corps au régiment de Flandre, et les officiers des dragons et des Suisses en garnison à Versailles furent invités à cette fête.

Pendant le dîner, Marie-Antoinette et les dames de la Cour, ainsi que le roi, firent tout pour chauffer à blanc l’enthousiasme royaliste des officiers. Les dames distribuèrent elles-mêmes des cocardes blanches, et la cocarde nationale fut foulée aux pieds. Deux jours après, le 3 octobre, une nouvelle fête du même genre eut lieu.

Ces fêtes précipitèrent les événements. La rumeur en arriva bientôt à Paris, grossie peut-être en route, et le