Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/221

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Tout cela ne se sut cependant que plus tard, en 1792, après la prise des Tuileries, et entre temps Mirabeau garda jusqu’à sa mort (2 avril 1791) sa réputation de défenseur du peuple.

On ne débrouillera jamais tout le tissu d’intrigues qui se faisaient alors autour du Louvre et des palais des princes, ainsi qu’auprès des cours de Londres, de Vienne, de Madrid et des diverses principautés allemandes. Autour de la royauté qui périssait, tout le monde s’agitait. Et au sein même de l’Assemblée — que d’ambitions pour arriver à la conquête du pouvoir ! Mais tout cela, ce sont des incidents sans beaucoup de valeur. Ils aident à expliquer certains faits, mais ils ne changent en rien la marche des événements, tracés par la logique même de la situation et les forces entrées en conflit.

L’Assemblée représentait la bourgeoisie intellectuelle en train de conquérir et d’organiser le pouvoir qui tombait des mains de la Cour, du haut clergé et de la haute noblesse. Et elle contenait dans son sein un nombre d’hommes marchant droit vers ce but, avec intelligence et avec une certaine audace, qui grandissait chaque fois que le peuple avait remporté une nouvelle victoire sur l’ancien régime. Il y avait bien à l’Assemblée le « triumvirat », comme on l’appelait, de Duport, Charles de Lameth et Barnave, et il y avait à Paris le maire Bailly et le commandant de la garde nationale Lafayette, sur lesquels se fixaient les regards. Mais la vraie force de la bourgeoisie résidait dans les masses compactes de l’Assemblée qui élaboraient les lois pour constituer le gouvernement des classes moyennes.

C’est le travail que l’Assemblée se mit à poursuivre