Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec ardeur dès que, installé à Paris, elle put reprendre ses occupations avec une certaine tranquillité.

Ce travail, nous l’avons vu, fut commencé au lendemain de la prise de la Bastille. Lorsque la bourgeoisie eût vu ce peuple s’armant en quelques jours de piques, brûlant les octrois, saisissant les provisions là où il les trouvait, et tout aussi hostile aux riches bourgeois qu’il l’était aux « talons rouges » — elle fut saisie de terreur. Elle s’empressa alors de s’armer elle-même, d’organiser sa garde nationale — les « bonnets à poils » contre les « bonnets de laine » et les piques — afin de pouvoir réprimer les insurrections populaires. Et après le 5 octobre elle s’empressa de voter la loi sur les attroupements dont nous venons de parler.

En même temps, elle se hâta de légiférer en sorte que le pouvoir politique, qui échappait des mains de la Cour, ne tombât pas aux mains du peuple. Ainsi, huit jours après le 14 juillet, Sieyès, le fameux avocat du Tiers-État, proposait déjà à l’Assemblée de diviser les Français en deux catégories, dont l’une — les citoyens actifs seuls — prendrait part au gouvernement, tandis que l’autre, comprenant la grande masse du peuple, sous le nom de citoyens passifs, serait privée de tous les droits politiques. Cinq semaines plus tard, l’Assemblée acceptait cette division comme fondamentale pour la Constitution. La Déclarations des droits, dont le premier principe était l’égalité des droits de tous les citoyens, — sitôt proclamée, — se trouvait ainsi violée outrageusement.

Reprenant le travail d’organisation politique de la France, l’Assemblée abolit l’ancienne division féodale