Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/234

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deux grands partis : le clergé constitutionnel, qui se soumit, du moins pour la forme, aux nouvelles lois et prêta serment à la Constitution, et le clergé insermenté, qui refusa le serment et se mit ouvertement à la tête du mouvement contre-révolutionnaire. Ce qui fit que dans chaque province, dans chaque ville, dans chaque village et hameau la question se posa pour les habitants de savoir s’ils allaient se mettre pour la Révolution ou contre elle ? Par conséquent, les luttes les plus terribles durent être vécues dans chaque petite localité pour décider lequel des deux partis allait prendre le dessus. De Paris, la Révolution fut transportée dans chaque village. De parlementaire, elle devenait populaire.

L’œuvre accomplie par l’Assemblée Constituante fut certainement bourgeoise. Mais pour introduire dans les habitudes de la nation le principe d’égalité politique, pour abolir les survivances de droits d’un homme sur la personne d’une autre, pour réveiller le sentiment d’égalité et l’esprit de révolte contre les inégalités, l’œuvre de cette Assemblée fut immense. Seulement, il faut se souvenir, comme l’avait déjà fait remarquer Louis Blanc, que pour entretenir et rallumer ce foyer que représentait l’Assemblée, il fallut « le vent qui soufflait alors de la place publique ». « L’émeute même, ajouta-t-il, en ces jours incomparables, faisait sortit de son tumulte de si sages inspirations ! Chaque sédition était pleine de pensées ! » Autrement dit, ce fut la rue, ce fut le peuple dans la rue qui, tout le temps, obligea l’Assemblée à marcher de l’avant dans son œuvre de reconstruction. Mêle une assemblée révolutionnaire, ou qui, du moins, s’imposait révolutionnairement, comme le fit