Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/233

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et les Églises s’y sont toujours entendues. L’abolition des vœux monastiques vint encore plus envenimer ces haines. Dès lors, dans toute la France, on vit le clergé devenir l’âme des conspirations pour ramener l’ancien régime et la féodalité. Il resta l’esprit et l’âme de cette réaction que nous allons voir surgir en 1790 et en 1791, et qui menaça d’arrêter la Révolution à ses débuts.

Mais la bourgeoisie lutta et ne se laissa pas désarmer. En juin et juillet 1790 l’Assemblée entama la discussion d’une grande question, – l’organisation intérieure de l’Église en France. Le clergé étant maintenant un salarié de l’État, les législateurs conçurent l’idée de l’affranchir de Rome et de le soumettre entièrement à la Constitution. Les évêchés furent identifiés avec les nouveaux départements : leur nombre fut ainsi réduit, et les deux circonscriptions — celle du diocèse et celle du département administratif – furent identifiées. Cela pouvait encore passer ; mais l’élection des évêques fut confiée par la nouvelle loi aux électeurs – à ceux-là mêmes qui choisissaient les députés, les juges et les administrateurs.

C’était dépouiller l’évêque de son caractère sacerdotal et en faire un fonctionnaire de l’État. Il est vrai que dans les anciennes Églises les évêques et les prêtres étaient nommés par le peuple ; mais les assemblées d’électeurs, réunies pour des élections de représentants politiques et de fonctionnaires, n’étaient pas les anciennes assemblées du peuple, des croyants. Bref, les croyants y aperçurent une atteinte portée aux vieux dogmes de l’Église, et les prêtres tirèrent tout le profit possible de ce mécontentement. Le clergé se divisa en