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constituer, en vue de ce but spécial, une assemblée délibérante particulière, composée de 60 délégués, un par district, et un petit conseil exécutif de 12 membres choisis parmi les soixante premiers » (p. XIX).

En agissant de cette façon – et les libertaires aujourd’hui feraient de même – les districts de Paris posaient les bases d’une nouvelle organisation libertaire de la société[1].

Alors que la réaction gagnait de plus en plus de terrain en 1790, on voit au contraire les districts de Paris acquérir de plus en plus d’influence sur la marche de la Révolution. Pendant que l’Assemblée sape peu à peu le pouvoir royal, les districts et puis les sections de Paris élargissent peu à peu le cercle de leurs fonctions au sein du peuple ; ils soudent aussi l’alliance entre Paris et les provinces et ils préparent le terrain pour la Commune révolutionnaire du 10 août.

« L’histoire municipale », dit Lacroix, « se fait en dehors des assemblées officielles. C’est par les districts

  1. S. Lacroix, dans son introduction au quatrième volume des Actes de la Commune, raconte cette affaire tout au long. Mais je ne peux m’empêcher de reproduire ici les lignes suivantes de l’Adresse à l’Assemblée Nationale par les députés des soixante sections de Paris, relativement à l’acquisition à faire au nom de la Commune, des domaines nationaux. Comme les élus du Conseil de Ville voulaient se substituer dans cette affaire d’achats aux sections, les sections réclament et expriment cette idée si juste, concernant les représentants d’un peuple : « Comment serait-il possible que l’acquisition consommée par la Commune elle-même, par le ministère de ses commissaires spécialement nommés ad hoc, fût moins légale qui si elle était faite par des représentants généraux… N’est-il plus de principe que les fonctions du mandataire cessent en présence de son commettant ? » Langage superbe et vrai, malheureusement oublié aujourd’hui pour des fictions gouvernementales.