Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/265

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Mais ce que les bourgeois instruits avaient surtout bien appris, — la Révolution de 1648 en Angleterre leur servant en cela d’exemple, — c’est que maintenant leur tour était venu de s’emparer du gouvernement de la France, et que la classe qui gouvernerait aurait pour elle la richesse, d’autant plus que la sphère d’action de l’État allait s’agrandir immensément par la formation d’une armée permanente nombreuse et la réorganisation de l’instrument publique, de la justice, de l’impôt, et ainsi de suite. On l’avait bien vu après la révolution d’Angleterre.

On comprend dès lors qu’un abîme devait se creuser de plus en plus, en France, entre la bourgeoisie et le peuple : la bourgeoisie, qui avait voulu la révolution et qui y poussa le peuple, tant qu’elle n’eut pas senti que « la conquête des pouvoirs » s’achevait déjà à son avantage ; et le peuple qui avait vu dans la révolution le moyen de s’affranchir du double joug de la misère et de l’absence de droits politiques.

Ceux que les hommes « d’ordre » et « d’État » appelèrent alors les « anarchistes », aidés par un certain nombre de bourgeois, — des Cordeliers et quelques Jacobins, — se trouvèrent d’un côté. Quant aux « hommes d’État » et aux défenseurs « des propriétés », comme on disait alors, ils trouvèrent leur complète expression dans le parti politique de ceux qu’on appela plus tard les Girondins : c’est-à-dire dans les politiciens qui se groupèrent en 1792 autour de Brissot et du ministre Roland.

Nous avons déjà raconté, au chapitre XV, à quoi se réduisait la prétendue abolition des droits féodaux pendant la nuit du 4 août, ainsi que les arrêtés votés