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par l’Assemblée du 5 au 11 août ; nous allons voir maintenant quels développements cette législation reçut dans les années 1790 et 1791.

Mais comme cette question de droits féodaux domine toute la Révolution, et qu’elle ne trouva sa solution qu’en 1793, après l’expulsion des Girondins de la Convention, nous allons, au risque de quelques répétitions, résumer encore une fois la législation du mois d’août 1789, avant d’aborder ce qui fut fait dans les deux années suivantes. C’est d’autant plus nécessaire qu’une confusion des plus regrettables continue à régner sur ce sujet, alors que l’abolition des droits féodaux fut l’œuvre principale de la Grande Révolution. Sur cette question se livrèrent les plus grands combats, aussi bien dans la France rurale qu’à Paris, à l’Assemblée et cette abolition fut ce qui survécut le mieux de la Révolution, en dépit de toutes les vicissitudes politiques traversées par la France au dix-neuvième siècle.

L’abolition des droits féodaux n’entrait certainement pas dans la pensée des hommes qui appelaient de leurs vœux la rénovation sociale avant 1789. À peine pensait-on alors à en corriger les abus : on se demandait même s’il était possible de « diminuer la prérogative seigneuriale », comme disait Necker. C’est la Révolution qui posa cette question.

« Toutes les propriétés sans exception seront constamment respectées », faisait-on dire au roi à l’ouverture des États généraux, « et Sa Majesté comprend expressément sous le nom de propriété les dîmes, cens, rentes, droits et devoirs féodaux et seigneuriaux, et généralement tous les droits et prérogatives, utiles ou honori-