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paisiblement. La plupart des hommes révoltés avaient même signé « un acte de repentir. » Mais apparemment cela ne faisait pas l’affaire des royalistes[1]. Bouillé sortait le 28 de Metz à la tête de trois mille soldats fidèles, avec la ferme intention de frapper à Nancy le grand coup désiré contre les rebelles.

La duplicité du directoire du département et de la municipalité de Nancy aida à réaliser ce plan, et alors que tout pouvait encore s’arranger à l’amiable, Bouillé posa à la garnison des conditions impossibles et engagea le combat. Ses soldats firent un carnage épouvantable dans Nancy, ils tuaient les citoyens aussi bien que les soldats révoltés, et pillaient les maisons.

Trois mille cadavres gisant dans les rues, tel fut le résultat de ce combat, après quoi vinrent les représailles « légales ». Trente-deux soldats rebelles furent exécutés et périrent sur la roue, quarante et un furent envoyés aux travaux forcés.

Le roi s’empressa d’approuver par une lettre « la bonne conduite de M. Bouillé » ; l’Assemblée nationale remercia les assassins ; et la municipalité de Paris célébra une fête funéraire en l’honneur des vainqueurs tués dans la bataille. Personne n’osa protester, — Robespierre pas plus que les autres. C’est ainsi que se terminait l’année 1790. La réaction, en armes, prenait le dessus.

  1. Voyez Grands détails par pièces authentiques de l’affaire de Nancy, Paris, 1790 ; Détail très exact des ravages commis… à Nancy, Paris, 1790 ; Relation exacte de ce qui s’est passé à Nancy le 31 août 1790 ; Le sens commun du bonhomme Richard sur l’affaire de Nancy, Philadelphie ( ?), l’an second de la liberté française, et autres brochures de la riche collection du British Museum, volumes 7, 326, 327, 328, 962.