Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/306

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la Ville Basse, de l’autre côté de l’Aire, sous les ordres du sous-lieutenant Rohrig, se montrent à peine. L’officier a disparu, sans que l’on ait jamais su depuis ce qu’il est devenu ; et quant à ses soldats, après avoir bu toute la journée avec les habitants (qui ne les insultaient pas, mais les gagnaient à leur cause en fraternisant avec eux), ils ne prennent plus aucun intérêt au roi. Ils boivent maintenant en criant : Vive la nation ! pendant que toute la ville, mise sur pied par le tocsin, se masse aux alentours de la boutique de Sauce.

Les approches de Varennes sont barricadés pour empêcher les hulans de Bouillé de pénétrer dans la ville. Et, dès la pointe du jour, les cris : À Paris ! à Paris ! retentissent dans la foule.

Ils ne font que redoubler, lorsque vers les dix heures du matin arrivent deux commissaires que Lafayette d’une part et l’Assemblée d’autre part ont envoyés le 21 au matin pour faire arrêter le roi et sa famille. Qu’ils partent ! Il faut qu’ils partent ! Nous les traînerons de force dans la voiture ! crient les paysans, furieux lorsqu’ils voient Louis XVI chercher à gagner du temps, en attendant l’arrivée de Bouillé et de ses hulans. Alors, après avoir détruit les papiers compromettants, qu’ils emportaient dans leur voiture, le roi et sa famille se voient obligés de se mettre en route.

Le peuple les ramène prisonniers à Paris. C’en était fait de la royauté. Elle tombait dans l’opprobre.

Au 14 juillet 1789, la royauté avait perdu sa forteresse, mais elle avait gardé sa force morale, son prestige. Trois mois plus tard, le 6 octobre, le roi devenait l’otage de la Révolution, mais le principe monarchiste