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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/305

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Drouet et ses amis font descendre les voyageurs, malgré leurs protestations et, en attendant que la municipalité vérifie leurs passeports, les font passer dans l’arrière-boutique de l’épicier Sauce. Là, le roi, ouvertement reconnu par un juge résidant à Varennes, se voit forcé d’abandonner son rôle de domestique de « Madame Korff » et, toujours fourbe, se met à plaider les dangers que sa famille courait à Paris, de la part d’Orléans, pour excuser son évasion.

Mais le peuple ne se laisse pas tromper. Il a saisi de suite les plans et la trahison du roi. Le tocsin sonne, et se répand dans la nuit, de Varennes dans la campagne, de village en village, faisant accourir de toutes parts les paysans armés de fourches et de bâtons. Ils gardent le roi, en attendant venir le jour, et deux paysans, la fourche à la main, font sentinelle à sa porte.

Les paysans accourent par milliers sur toute la route, de Varennes à Paris, et paralysent les hussards et les dragons de Bouillé, auxquels Louis XVI s’était fié pour son évasion. À Sainte-Menehould le tocsin sonnait déjà, immédiatement près le départ de la voiture royale ; de même à Clermont-en-Argonne. À Sainte-Menehould le peuple a même désarmé les dragons venus pour faire escorte au roi ; il fraternise maintenant avec eux. À Varennes, les soixante hussards allemands qui y étaient venus pour escorter le roi jusqu’à sa encontre avec Bouillé, et qui se tenaient postés dans

    reconnu à Chantrix, par Gabriel Vallet, un jeune homme qui venait d’épouser une des filles de J.-B. Lagny et qui avait été à Paris lors de la Fête de la Fédération. Ce Vallet conduisit la berline jusqu’à Châlons, où il ne garda certainement pas son secret.