Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/309

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trône. Réintégré dans le château, il allait reprendre la trame de ses conspirations et comploter d’autant plus activement avec l’Autriche et la Prusse. Empêché désormais de quitter la France, il ne mettrait sans doute que plus de zèle à accélérer l’invasion. C’était de toute évidence ; d’autant plus qu’il n’avait rien appris. Il continuait de refuser sa signature aux décrets qui s’attaquaient à la puissance du clergé et aux prérogatives des seigneurs. Il fallait donc le détrôner, prononcer de suite la déchéance.

C’est ce que le peuple de Paris et d’une bonne partie des provinces comprit très bien. À Paris, on se mit, dès le lendemain du 21 juin, à démolir les bustes de Louis XVI, et à effacer les inscriptions royales. La foule envahit les Tuileries ; on parlait en plein air contre la royauté, on demandait la déchéance. Quand le duc d’Orléans fit sa promenade dans les rues de Paris, le sourire aux lèvres, croyant y ramasser une couronne, on lui tourna le dos : on ne voulait plus de roi. Les Cordeliers demandèrent ouvertement la république et signèrent une adresse, dans laquelle ils se proclamaient tous contre les rois — tous « tyrannicides ». Le Corps municipal de Paris fit une déclaration dans le même sens. Les sections de Paris se déclarèrent en permanence ; les bonnets de laine et les hommes à piques reparurent dans les rues : on se sentait à la veille d’un nouveau 14 juillet. Le peuple, en effet, était prêt à se mettre en mouvement pour renverser définitivement la royauté.

L’Assemblée nationale, sous l’impulsion du mouvement populaire, marcha de l’avant. Elle procéda comme s’il n’y avait plus de roi. N’avait-il pas abdiqué, en effet,