Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les républicains, auteurs de la pétition du Champ de Mars, qui demandait la déchéance, furent évidemment poursuivis. Danton dut passer en Angleterre (août 1791). Robert (franc républicain, rédacteur des Révolutions de Paris), Fréron et surtout Marat durent se cacher.

Profitant d’un moment de terreur, la bourgeoisie s’empressa de limiter davantage les droits électoraux du peuple. Désormais, pour être électeur, il fallut, en plus des dix journées de travail payées en contributions directes, posséder en propriété ou en usufruit un bien, évalué de 150 à 200 journées de travail, ou tenir comme fermier un bien évalué à 400 journées de travail. Les paysans, on le voit, étaient absolument privés de tous les droits politiques.

Après le 17 juillet (1791), il devint dangereux de se dire, ou d’être appelé républicain, et bientôt des révolutionnaires commencèrent à traiter « d’hommes pervers », qui n’ont « rien à perdre et tout à gagner dans le désordre et l’anarchie, » ceux qui demandaient la destitution du roi et la République.

Peu à peu la bourgeoisie s’enhardit, et c’est au milieu d’un mouvement royaliste prononcé, au bruit d’ovations enthousiastes faites au roi et à la reine par la bourgeoisie parisienne, que le roi vint accepter et solennellement jurer à l’Assemblée, le 14 septembre 1791, la Constitution qu’il trahissait le même jour.


Quinze jours plus tard, l’Assemblée constituante se séparait, et ce fut de nouveau l’occasion, pour les constitutionnalistes, de renouveler leurs manifestations royalistes en l’honneur de Louis XVI. Le gouvernement