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dompter les constitutionnels et rétablir la représentation par trois ordres et les privilèges de la noblesse et du clergé.

En général, dès le mois d’octobre 1791 — au fond, dès l’évasion du roi et son arrestation à Varennes, en juin — la crainte de l’invasion étrangère envahit déjà les esprits et devient l’objet principal des préoccupations. L’Assemblée Législative a bien sa droite dans les Feuillants, ou monarchistes constitutionnels, et sa gauche dans le parti de la Gironde, qui sert d’étape de passage entre la bourgeoisie mi-partie constitutionnelle et la bourgeoisie mi-partie républicaine. Mais ni les uns ni les autres ne s’intéressent aux grands problèmes que la Constituante leur a légués. Ni l’établissement de la République, ni l’abolition des privilèges féodaux ne passionnent l’Assemblée Législative. Les Jacobins eux-mêmes et mêmes les Cordeliers semblent s’accorder pour ne plus parler de République, et c’est sur des questions d’ordre secondaire — comme celle de savoir qui sera maire de Paris, — que les passions des révolutionnaires et des contre-révolutionnaires viennent s’entrechoquer.

La grande préoccupation du moment, c’est la question des prêtres et celle des émigrés. L’une et l’autre dominent tout le reste à cause des tentatives de soulèvement contre-révolutionnaires organisés par les prêtres et les émigrés, et parce qu’elles se rattachent intimement à la guerre étrangère dont chacun sent l’approche.

Le plus jeune frère du roi, le comte d’Artois, avait émigré, on le sait, dès le 15 juillet 1789. L’autre, le comte de Provence, s’était évadé en même temps que