Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/318

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Le roi sanctionna le décret concernant son frère, mais opposa son veto au second décret, concernant les émigrés. Il fit de même pour un décret qui ordonnait aux prêtres de prêter serment à la Constitution, sous peine d’être arrêtés comme suspects, en cas de troubles religieux dans les communes qu’ils desservaient. Le roi opposa aussi son veto à ce décret.


L’acte le plus important de l’Assemblée législative fut la déclaration de guerre à l’Autriche. Celle-ci faisait ouvertement des préparatifs de guerre, pour rétablir Louis XVI dans ses droits d’avant 1789. Le roi et Marie-Antoinette pressaient l’empereur, et leurs instances devinrent de plus en plus pressantes après l’échec de l’évasion. Mais il est fort probable que ces préparatifs auraient traîné en longueur, peut-être jusqu’au printemps prochain, si les Girondins n’avaient pas poussé à la guerre. L’incohérence du ministère, dont un des membres, Bertrand de Moleville, était formellement opposé au régime constitutionnel, tandis que Narbonne voulait en faire l’appui du trône, amena sa chute, et en mars 1792 Louis XVI appela au pouvoir un ministère girondin, avec Dumouriez aux affaires extérieures, Roland, c’est-à-dire madame Roland, à l’Intérieur, de Grave, bientôt remplacé par Servan, à la Guerre, Clavière aux Finances, Duranthon à la Justice, et Lacoste à la Marine.

Inutile de dire (comme Robespierre le fit bientôt ressortir) que loin d’activer la Révolution, l’arrivée des Girondins au ministère fut au contraire un appoint pour la réaction. Tout fut dès lors à la modération, dès que le roi eut accepté ce que la Cour appelait « le ministère