Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peuple, ses soulèvements désordonnés et ses attaques contre la propriété.

Ainsi la Cour de son côté, et les Girondins d’autre part, se trouvaient d’accord pour vouloir et activer l’envahissement de la France. Dans ces conditions, la guerre devint inévitable : elle s’alluma, furieuse, pour vingt-trois ans, avec toutes ses conséquences, funestes pour la Révolution et le progrès européen. — « Vous ne voulez pas l’appel au peuple, vous ne voulez pas la révolution populaire — eh bien, vous aurez la guerre, — peut-être la débâcle ! » Que de fois cette vérité s’est confirmée depuis !

Le spectre du peuple armé et insurgé, demandant à la bourgeoisie sa part de la fortune nationale, ne cessait de hanter ceux du tiers-état qui étaient arrivés au pouvoir, ou qui avaient acquis par les clubs et les journaux une influence sur la marche des événements. Il faut dire aussi que peu à peu l’éducation révolutionnaire du peuple se faisait par la Révolution elle-même et qu’il s’enhardissait à réclamer des mesures imbues d’un esprit communiste, qui auraient contribué à effacer plus ou moins les inégalités économiques[1].

On parlait, au sein du peuple, d’« égalisation des fortunes ». Les paysans qui ne possédaient que de méchants lopins de terre, et les ouvriers des villes, réduits au chômage, se hasardaient à affirmer leur droit à la terre. On demandait dans les campagnes que personne

  1. Après les décrets du 15 mars, il y eut de nombreuses réclamations. Elles ont été signalées par Doniol (La Révolution, etc., pp. 140 et suivantes) et par N. Karéiev (Les Paysans et la question paysanne en France dans le dernier quart du XVIIIe siècle, Paris (Giard), 1899, pp. 489 et suiv., et appendice no 33).