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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/321

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ne pût posséder une ferme de plus de 120 arpents, et dans les villes on disait que quiconque désire cultiver la terre doit avoir droit à tant d’arpents.

La taxe sur les subsistances pour empêcher l’agiotage sur les objets de première nécessité, des lois contre les accapareurs, l’achat municipal des subsistances qui seraient livrées aux habitants au prix de revient, l’impôt progressif sur les riches, l’emprunt forcé et enfin de lourdes taxes sur les héritages, — tout cela était discuté par le peuple, et ces idées pénétraient aussi dans la presse. L’unanimité même avec laquelle elle se manifestaient chaque fois que le peuple remportait une victoire, soit à Paris, soit dans les provinces, prouve que ces idées circulaient largement au sein des déshérités, alors même que les écrivains de la Révolution n’osaient pas trop les afficher. — « Vous ne vous apercevez donc pas, disait Robert dans les Révolutions de Paris, en mai 1791, que la Révolution française, pour laquelle vous combattez, dites-vous, en citoyen, est une véritable loi agraire mise à exécution par le peuple ? Il est rentré dans ses droits. Un pas de plus, il rentrera dans ses biens… » (cité par Aulard, p. 91.)

On devine la haine que ces idées provoquaient chez les bourgeois qui se proposaient de jouir maintenant à leur aise des fortunes acquises, ainsi que de leur nouvelle situation privilégiée dans l’État. On peut en juger par les fureurs qui furent soulevées en mars 1792, lorsque l’on apprit à Paris que le maire d’Étampes, Simonneau, venait d’être tué par les paysans. Comme tant d’autres maires bourgeois, il faisait fusiller sans autre