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mette, alors procureur de la Commune de Paris[1]. L’administration départementale de Paris qui avait dans son sein Talleyrand et La Rochefoucauld, appartenait entièrement à la Cour. La municipalité, une grande partie des juges de paix, « la majorité de la garde nationale, tout son état-major, appartenaient à la Cour, lui servaient de cortège et d’aboyeurs dans les fréquentes promenades qu’elle faisait alors (le 21 juin avait donc été oublié ?) et dans les différents spectacles », dit Chaumette.

« La maison domestico-militaire du roi, composée en très grande partie d’anciens gardes du corps, d’émigrés rentrés et de ces héros du 28 février 1791 connus sous le nom de chevaliers du poignard, indisposait le peuple par son insolence, insultait à la représentation nationale et annonçait hautement des dispositions liberticides. »

Les moines, les nonnes et l’immense majorité des prêtres se rangeaient du côté de la contre-révolution[2].

Quant à l’Assemblée, voici comment la caractérisait Chaumette : « Une assemblée nationale sans force, sans considération, divisée en elle-même, s’avilissant

  1. Mémoires sur la Révolution du 10 août 1792, avec préface par F.-A. Aulard, Paris, 1893. Chaumette accuse même le directoire du département d’avoir fait venir soixante mille contre-révolutionnaires et de les avoir hébergés. S’il semble qu’il y ait eu de l’exagération dans le chiffre de soixante mille, le fait du rassemblement d’un grand nombre de contre-révolutionanaires à Paris est certain.
  2. Voici un fait-divers dont parlait le tout-Paris d’alors, et qui est raconté par madame Jullien : « La Supérieure des sœurs Grises de Rueil a perdu son portefeuille, qui a été trouvé et ouvert à la municipalité du lieu. Il est constaté qu’elles ont envoyé 48,000 livres aux émigrés depuis le 1er janvier. » (Journal d’une bourgeoise, p. 203.)