tain, c’est que dans chaque ville du Midi la lutte entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires se poursuivait sans relâche, faisant pencher la balance tantôt d’un côté, tantôt de l’autre.
À Perpignan, les militaires royalistes se préparaient à ouvrir la frontière aux armées espagnoles. À Arles, dans la lutte locale entre les monnetiers et les chiffonistes, c’est-à-dire entre les patriotes et les contre-révolutionnaires, la victoire restait à ces derniers. « Avertis, dit un auteur, que les Marseillais organisaient une expédition contre eux, qu’ils avaient même pillé l’arsenal de Marseille pour se mettre en état de faire la campagne, ils se préparaient à la résistance, se fortifiaient, muraient les portes de leur ville, creusaient des fossés autour de l’enceinte, assuraient leurs communications avec la mer et réorganisaient la garde nationale de façon à réduire à l’impuissance les patriotes. »
Ces quelques lignes, empruntées à Ernest Daudet[1], sont caractéristiques. C’est le tableau de ce qui se passait un peu partout dans toute la France. Il fallut quatre années de révolution, c’est-à-dire l’absence pendant quatre années d’un gouvernement fort, et des luttes incessantes de la part des révolutionnaires, pour paralyser plus ou moins la réaction.
À Montpellier, les patriotes durent fonder une ligue pour défendre, contre les royalistes, les prêtres qui
- ↑ Histoire des conspirations royalistes du Midi sous la Révolution, Paris, 1881. Daudet est un modéré, ou plutôt un réactionnaire ; mais son étude est documentée, et il a consulté les archives locales.