Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/344

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salle et barricadée par une grande table. Le roi ayant été découvert dans une autre salle, elle fut remplie de monde en un clin d’œil. On lui demandait de sanctionner les décrets, auxquels il avait refusé sa sanction, de rappeler les ministres girondins, qu’il avait renvoyés le 13 juin, de chasser les prêtres, de choisir entre Coblentz et Paris. Le roi agitait son chapeau, il se laissa coiffer d’un bonnet de laine, on lui fit boire un verre de vin à la santé de la nation. Mais il résista à la foule pendant deux heures, en répétant qu’il s’en tiendrait à la Constitution.

Comme attaque contre la royauté, le mouvement avait manqué. Il n’y avait rien de fait.

Il fallut voir alors les fureurs des classes aisées contre le peuple ! Puisque le peuple n’avait pas osé attaquer et qu’il avait démontré par cela même sa faiblesse, on tombait sur ce peuple avec toute la haine que peut inspirer la peur.

Lorsqu’on lut à l’Assemblée la lettre dans laquelle Louis XVI se plaignait de l’invasion de son palais, l’Assemblée éclata en applaudissements, aussi serviles que l’étaient ceux des courtisans avant 1789. Jacobins et Girondins furent unanimes à désavouer le mouvement.

Encouragés, sans doute, par cette réception, la Cour réussit à faire établir dans le château des Tuileries un tribunal pour châtier «les coupables» du mouvement. On voulait ressusciter ainsi, dit Chaumette dans ses Mémoires, les odieuses procédures des affaires des 5 et 6 octobre 1789 et du 17 juillet 1791. Ce tribunal était composé de juges de paix vendus à la royauté. La Cour les nourrissait, et le garde-meuble de la Couronne avait