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reçu ordre de pourvoir à tous leurs besoins[1]. Les plus vigoureux écrivains furent persécutés, incarcérés : plusieurs présidents et secrétaires de section, plusieurs membres des Sociétés populaires subirent le même sort. Il devint dangereux de se dire républicain.

Les directoires de départements et un grand nombre de municipalités vinrent se joindre à la manifestation servile de l’Assemblée et envoyèrent des lettres d’indignations contre les « factieux ». En réalité, trente-trois directoires de départements, sur quatre-vingt-trois — tout l’Ouest de la France — étaient ouvertement royalistes et contre-révolutionnaires.

Les révolutions se font toujours, ne l’oublions pas, par des minorités, et alors même que la révolution a déjà commencé et qu’une partie de la nation en accepte les conséquences, ce n’est toujours qu’une infime minorité qui comprend ce qui reste à faire pour assurer le triomphe de ce qui a été fait, et qui a le courage de l’action. C’est pourquoi une Assemblée, représentant toujours la moyenne du pays, ou plutôt, restant au-dessous de la moyenne, fut de tout temps et sera toujours un frein à la révolution, mais ne deviendra jamais l’instrument de la révolution.

La Législative nous en donne un exemple frappant. Ainsi, le 7 juillet 1792 (remarquez que quatre jours plus tard, vu l’invasion allemande, on allait déclarer « la patrie en danger » ) — un mois à peine avant la chute du trône, voici ce qui se produisait dans cette Assemblée. On discutait depuis plusieurs jours sur les

  1. Journal de Perlet, du 27 juin, cité par Aulard dans une note ajoutée aux Mémoires de Chaumette.