Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/361

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cohésion nécessaire. Pour les détails on s’en remit à l’esprit organisateur du peuple des faubourgs ; et lorsque le soleil se leva sur Paris le 10 août, personne n’aurait encore pu prédire comment finirait cette grande journée. Les deux bataillons de fédérés venus de Marseille et de Brest, bien organisés et armés, ne comptaient qu’un millier d’hommes, et personne, excepté ceux qui avaient travaillé les jours et les nuits précédentes dans la fournaise ardente des faubourgs, n’aurait pu dire si les faubourgs se lèveraient en masse, ou non.

— « Et les meneurs habituels, où étaient-ils ? que faisaient-ils » demande Louis Blanc. — Et il répond : « Rien n’indique quelle fut dans cette nuit suprême l’action de Robespierre, ni s’il en exerça une quelconque. » Danton, non plus, ne semble pas avoir pris une part active, ni aux préparatifs du soulèvement, ni au combat même du 10 août.

Il est évident que, du moment que le mouvement fut décidé, le peuple n’avait plus besoin des hommes politiques. Ce qu’il fallait, c’était préparer les armes, les distribuer à chaque bataillon, former la colonne dans chaque rue des faubourgs. Pour cela, les hommes politiques n’auraient été qu’un encombrement — et on leur dit d’aller se coucher, pendant que le mouvement s’organisait définitivement dans la nuit du 9 au 10 août. C’est ce que fit Danton. Il dormit paisiblement : on le sait par le journal de Lucile Desmoulins.

Des hommes nouveaux, des « inconnus », tout comme au mouvement de 18 mars 1871, surgirent ces jours-là, lorsqu’un nouveau Conseil général, — la Commune