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révolutionnaire du 10 août, — fut nommé par les sections. Prenant le droit en ses mains, chaque section nomma trois commissaires, « pour sauver la patrie », et le choix du peuple ne tomba, nous disent les historiens, que sur des hommes obscurs. L’« enragé » Hébert en était — cela va sans dire ; mais on n’y trouve d’abord ni Marat ni Danton[1].

C’est ainsi qu’une nouvelle « Commune » — la Commune insurrectionnelle — surgit du sein du peuple et s’empara de la direction du soulèvement. Et nous allons la voir exercer une influence puissante sur toute la marche des événements suivants, dominer la convention et pousser la Montagne à l’action révolutionnaire, afin d’assurer, au moins, les conquêtes déjà faites par la Révolution.


Il serait inutile de raconter ici la journée du 10 août. Le côté dramatique de la Révolution est ce qu’il y a de mieux chez les historiens, et l’on trouve chez Michelet, chez Louis Blanc, d’excellentes descriptions des événements. Aussi bornons-nous à en rappeler les principaux.

Depuis que Marseille s’était nettement prononcé pour la déchéance du roi, les pétitions et les adresses pour la déchéance venaient en nombre à l’Assemblée. À Paris, quarante-deux sections s’étaient prononcées

  1. « Qu’elle était grande, cette Assemblée ! » dit Chaumette (Mémoires, 44). « Quels élans sublimes de patriotisme j’ai vu éclater, lors de la discussion sur l’échéance du roi ! Qu’était l’Assemblée nationale, avec toutes ses petites passions… ses petites mesures, ses décrets étranglés au passage, puis écrasés par le veto, qu’était, dis-je, cette Assemblée en comparaison de la réunion des commissaires des sections de Paris ? »