Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/375

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que toutes ces trahisons viennent se rattacher au roi et à la reine, qui, au fond du Temple, continuent à diriger les complots ? Malgré la sévère surveillance de la Commune, Marie-Antoinette ne sait-elle pas tout ce qui se passe au dehors ? Elle est renseignée sur chaque pas des armées allemandes ; et lorsque des ouvriers viennent mettre des grilles aux fenêtres du Temple : « À quoi bon ! », leur dit-elle, « dans huit jours nous ne serons plus ici. » En effet, c’est entre le 5 et le 6 septembre que les royalistes attendaient l’entrée de quatre-vingt mille Prussiens dans Paris.

À quoi bon s’armer, courir aux frontières, lorsque l’Assemblée législative et le parti qui est au pouvoir sont des ennemis déclarés de la République ? Ils font tout pour maintenir la royauté. En effet, quinze jours avant le 10 août, le 24 juillet, Brissot n’a-t-il pas parlé contre les Cordeliers qui voulaient la République ? N’a-t-il pas demandé qu’ils fussent frappés par le glaive de la loi[1] ? Et maintenant, après le 10 août, le club des Jacobins, qui est le rendez-vous de la bourgeoisie aisée, ne garde-t-il pas — jusqu’au 27 août — le silence sur la grande question qui passionne le peuple : La royauté, appuyée par les baïonnettes allemandes, sera-t-elle maintenue, oui ou non ?

L’impuissance des gouvernants, la pusillanimité des « chefs d’opinion » à cette heure de danger, poussaient nécessairement le peuple au désespoir. Et il faut,

  1. « S’il existe, disait-il, des hommes qui travaillent à établir maintenant la République sur les débris de la Constitution, le glaive de la loi doit frapper sur eux, comme sur les amis actifs des deux Chambres et sur les contre-révolutionnaires de Coblentz. »