en lisant les journaux de l’époque, les mémoires et les lettres privées, revivre soi-même les diverses émotions vécues à Paris depuis la déclaration de la guerre, pour apprécier la profondeur de ce désespoir. C’est pourquoi nous allons récapituler brièvement les principaux faits.
Au moment où la guerre était déclarée, on portait encore Lafayette aux nues, surtout dans les milieux bourgeois. On se réjouissait de le voir à la tête d’une armée. Il est vrai qu’après le massacre du Champ de Mars, on avait conçu déjà des doutes à son égard, et Chabot s’en était fait l’écho à l’Assemblée, au commencement de juin 1792. Mais l’Assemblée traita Chabot de désorganisateur, de traître, et le réduisit au silence.
Cependant, voilà que le 18 juin l’Assemblée recevait de Lafayette sa fameuse lettre dans laquelle il dénonçait les Jacobins et demandait la suppression de tous les clubs. Cette lettre, arrivant quelques jours après que le roi eut renvoyé le ministère girondin (le ministère jacobin comme on disait alors), la coïncidence donnait à réfléchir. Néanmoins, l’Assemblée passa outre, en jetant un doute sur l’authenticité de la lettre ; sur quoi le peuple se demanda, évidemment, si l’Assemblée n’était pas de connivence avec Lafayette ?
Malgré tout, l’effervescence grandissait toujours, et le peuple se leva enfin, le 20 juin. Admirablement organisé par les sections, il envahit les Tuileries. Tout se passa, nous l’avons vu, assez modestement ; mais la bourgeoisie fut saisie de terreur, et l’Assemblée se jeta dans les bras de la réaction en lançant un décret contre les rassemblements. Là-dessus, le 23, arrive Lafayette : il se rend à l’Assemblée, où il reconnaît et réclame sa