égorger[1]. Il y a enfin la preuve que la minorité « constitutionnelle » de l’Assemblée avait promis de suivre le roi, au cas où il quitterait Paris, sans toutefois dépasser la distance prescrite par la Constitution. Il y a bien d’autres choses encore, mais on les cache, de peur que la fureur populaire ne se porte sur le Temple. Peut-être aussi sur l’Assemblée ? demanderons-nous.
Enfin, les trahisons, depuis longtemps prévues, éclatent dans l’armée. Le 22 août, on apprend celle de Lafayette. Il a essayé d’entraîner son armée et de la faire marcher sur Paris. Au fond, son plan était déjà fait deux mois auparavant, lorsqu’il était venu tâter le terrain à Paris après le 20 juin. Maintenant, il a jeté le masque. Il a fait arrêter les trois commissaires que l’Assemblée lui avait envoyés pour lui annoncer la révolution du 10 août, et Luckner, le vieux renard, a approuvé sa conduite. Heureusement l’armée de Lafayette n’a pas suivi son général, et le 19, accompagné de son état-major, il a dû passer la frontière, espérant gagner la Hollande. Tombé aux mains des Autrichiens, il a été envoyé par eux en prison et traité très durement — ce qui fait prévoir comment les Autrichiens se proposent de traiter les révolutionnaires qui auront le malheur de tomber en leur pouvoir. Les officiers municipaux patriotes qu’ils ont pu saisir ont été exécutés sur-le-champ, comme des
- ↑ Dans une lettre de Suisse, il était question de punir les Jacobins : « Nous en ferons justice ; l’exemple en sera terrible… Guerre aux assignats ; la banqueroute commencera par là. On rétablira le clergé, les parlements… Tant pis pour ceux qui ont acheté les biens du clergé. » Dans une autre lettre on lisait : « Il n’y a pas un moment à perdre. Il faut faire sentir à la bourgeoisie que le roi seul peut la sauver. »