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la royauté et cherche à couvrir les crimes passés de Louis XVI. Elle s’oppose à ce qu’ils soient mis à nu par des poursuites sérieuses contre ses complices.

Il faut que la Commune menace de faire sonner le tocsin, et que les sections viennent parler d’un massacre en masse des royalistes[1], pour que l’Assemblée se décide à céder. Elle ordonne enfin, le 17 août, la formation d’un tribunal criminel, composé de huit juges et de huit jurés, qui seront élus par des représentants des sections. Et encore cherche-t-elle à limiter les attributions de ce tribunal. Il ne devra pas chercher à approfondir la conspiration qui se faisait aux Tuileries avant le 10 août : il se bornera à rechercher les responsabilités pendant la journée du Dix.

Cependant les preuves du complot abondent ; elles se précisent chaque jour. Dans les papiers trouvés après la prise des Tuileries, dans le secrétaire de Montmorin, intendant de la liste civile, il s’est rencontré bien des pièces compromettantes. Il y a, entre autres, une lettre des princes, prouvant qu’ils agissaient d’accord avec Louis XVI, lorsqu’il lançaient les armées autrichiennes et prussiennes sur la France et organisaient un corps de cavalerie d’émigrés, qui marchait avec ces armées sur Paris. Il y a une longue liste de brochures et de libelles dirigés contre l’Assemblée nationale et les Jacobins, libelles payés par la liste civile, y compris ceux qui cherchaient à provoquer une rixe lors de l’arrivée des Marseillais, et qui invitaient la garde nationale à les

  1. « Vous paraissez être dans les ténèbres sur ce qui se passe à Paris », dit l’orateur d’une des députations de la Commune.