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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/399

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tice, une circulaire rédigée par Marat et dans laquelle il attaquait l’Assemblée, racontait les événements et recommandait aux départements d’imiter Paris.

Cependant, l’agitation du peuple se calmait, dit Saint-Méard, et le 3, vers huit heures, il entendit plusieurs voix crier : « Grâce, grâce pour ceux qui restent ! » D’ailleurs, il ne restait plus que peu de prisonniers politiques dans les prisons. Mais il arriva ce qui forcément devait arriver. À ceux qui avaient attaqué les prisons par conviction, vinrent se mêler d’autres éléments, des éléments douteux. Et enfin, il se produisit ce que Michelet a très bien appelé « la fureur de l’épuration » — le désir de purger Paris, non seulement des conspirateurs royalistes, mais aussi des faux-monnayeurs, des fabricants de faux assignats, des escrocs, même des filles publiques, qu’on disait toutes royalistes ! Le 3, on avait déjà massacré des voleurs au Grand-Châtelet et des forçats aux Bernardins, et le 4, une troupe d’hommes se porta pour massacrer à la Salpêtrière, à Bicêtre, jusqu’à « la Correction » de Bicêtre que le peuple aurait dû respecter comme un lieu de souffrance de miséreux, comme lui-même, surtout des enfants. Enfin la Commune réussit à mettre fin à ces massacres, — le 4 selon Maton de la Varenne[1].

En tout, plus de mille personnes périrent, dont 202 prêtres, 26 gardes royaux, une trentaine de Suisses de l’état-major, et plus de 300 prisonniers de droit com-

  1. M…-de-la-Varennes, Histoire particulière des événements qui ont eu lieu en France pendant les mois de juin, de juillet, d’août et de septembre, et qui ont opéré la chute du trône royal, Paris 1806. Il y eut encore quelques massacres isolés le 5.