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mun, dont ceux enfermés à la Conciergerie fabriquaient pendant leur détention de faux assignats. Maton de la Varenne, qui a donné dans son Histoire particulière (pp. 409-460), une liste alphabétique des personnes tuées pendant ces journées de septembre, trouve un total de 1.086, plus trois inconnus qui périrent accidentellement. Sur quoi les historiens royalistes ont brodé leurs romans et ont parlé de 8.000 et même de 12.852 tués[1].

Tous les historiens de la Grande Révolution, en commençant par Buchez et Roux, ont relevé l’opinion de divers révolutionnaires connus sur ces massacres, et un trait frappant se dégage des nombreuses citations qu’ils ont publiées. C’est que les Girondins, qui plus tard se servirent le plus des journées de septembre pour attaquer violemment et avec persistance les Montagnards, ne se départirent en aucune façon, pendant ces journées, de la même attitude du « laisser-faire » qu’ils reprochèrent plus tard à Danton, à Robespierre, à la Commune. La Commune, seule, prit dans son Conseil général et dans son Comité de surveillance, des mesures plus ou moins efficaces pour arrêter les massacres, ou, du moins, les circonscrire et les légaliser, lorsqu’elle vit qu’il était impossible de les empêcher. Les autres agirent mollement, ou bien ne crurent pas devoir intervenir ;

  1. Peltier, écrivain archi-royaliste et menteur, en donnant tout par détail, trouva le chiffre de 1.005, mais il ajouta qu’on avait tué aussi à Bicêtre et dans les rues, ce qui lui permit de porter le total à 8.000 (Dernier tableau de Paris, ou récit historique de la Révolution du 10 août, 2 volumes, Londres, 1792-1793.) À cela, Buchez et Roux font remarquer très justement que « Peltier seul dit qu’on ait tué ailleurs que dans les prisons », en contradiction avec tous ses contemporains.