Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

foule de nouvelles attributions. Elles eurent à s’occuper des enrôlements, du triage des volontaires, des dons patriotiques, de l’équipement et de l’approvisionnement des bataillons envoyés aux frontières, de la correspondance administrative et politique avec ces bataillons, des soins à donner aux familles des volontaires, etc., sans parler de la lutte continuelle qu’elles avaient à soutenir chaque jour contre les conspirations royalistes, qui venaient enrayer leurs travaux. Avec ces nouvelles fonctions, la nécessité d’une union directe entre les sections se faisait sentir d’autant plus.

Lorsqu’on parcourt aujourd’hui cette correspondance des sections et leur vaste comptabilité, on ne peut qu’admirer l’esprit d’organisation spontanée du peuple de Paris et le dévouement des hommes de bonne volonté qui accomplissaient toute cette besogne, après avoir fini leur travail quotidien. C’est là qu’on apprécie la profondeur du dévouement, plus que religieux, suscité dans le peuple français par la Révolution. Car il ne faut pas oublier que si chaque section nommait son comité militaire et son comité civil, c’est aux assemblées générales, tenues le soir, que l’on référaient généralement pour toutes les questions importantes.

On comprend aussi comment ces hommes qui voyaient, non en théorie, mais sur le vif, les horreurs de la guerre et touchaient du doigt les souffrances imposées au peuple par l’invasion, durent haïr les fauteurs de l’invasion : le roi, la reine, la Cour, les ex-nobles et les riches, tous les riches, qui faisaient cause commune avec la Cour. La capitale s’associait aux paysans des départements-frontières dans leur haine des suppôts du