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latif, une heure après, à minuit, la générale serait battue et tout se lèverait »[1].

Enfin, le 7 août, la même section invita toutes les autres à nommer dans chacune d’elles « six commissaires, moins orateurs qu’excellents citoyens, qui, par leur réunion, formeraient un point central à l’Hôtel de Ville » ; ce qui fut fait le 9[2]. Lorsque vingt-huit ou trente sections, sur quarante-huit, eurent adhéré au mouvement, leurs commissaires se réunirent à la maison commune, dans une salle voisine de celle où siégeait le conseil municipal régulier – peu nombreux d’ailleurs à ce moment, — et ils agirent révolutionnairement, comme une nouvelle Commune. Ils suspendirent provisoirement le Conseil général, consignèrent le maire Pétion, cassèrent l’état-major des bataillons de la garde nationale et se saisirent de tous les pouvoirs de la Commune, ainsi que de la direction générale de l’insurrection[3].

  1. Mortimer Ternaux, La Terreur, t. II, pp. 178, 216, 393 ; Buchez et Roux, t. XVI, p. 247 ; Mellié, Les Sections de Paris, p. 144 et suivantes.
  2. Un comité de correspondance entre les sections avait été déjà établi et une réunion de commissaire de plusieurs sections se réunissait déjà le 23 juillet.
  3. M. Mellié a retrouvé le procès-verbal de la section Poissonnière. Réunie le 9 août, à huit heures du soir, en assemblée permanente dans l’église Saint-Lazare, elle cassa tous les officiers du bataillon Saint-Lazare qu’elle n’avait pas nommés elle-même, et nomma « sur le champ d’autres officiers, sous les ordres desquels elle entendait marcher ». Elle s’entendit avec d’autres sections sur l’ordre de marche, et à quatre heures du matin, après avoir nommé son comité permanent « pour surveiller les armements et donner les ordres de sûreté qu’ils jugeraient nécessaires », la section se réunit « à ses frères du faubourg Saint-Antoine » et se mit en marche sur les Tuileries. Par ce procès-verbal, on saisit sur le vif la façon d’agir du peuple de Paris pendant cette nuit mémorable.