Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/414

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Ainsi se constitua et s’installa à l’Hôtel de Ville le nouveau pouvoir dont nous venons de parler.

Les Tuileries furent prises, le roi détrôné. Et, immédiatement, la nouvelle Commune fit savoir qu’elle voyait dans le 10 août, non pas le couronnement de la Révolution inaugurée le 14 juillet 1789, mais le commencement d’une nouvelle révolution populaire et égalitaire. Elle datait désormais ses actes de « l’an IV de la Liberté, l’an Ier de l’Égalité ». Toute une masse de nouveaux devoirs commença à incomber de suite à la nouvelle Commune.

Pendant les vingt derniers jours d’août, tandis que l’Assemblée législative hésitait entre les divers courants royalistes, constitutionnalistes et républicains qui la déchiraient, et se montrait absolument incapable de s’élever à la hauteur des événements, les sections de Paris et sa Commune devinrent le vrai cœur de la nation française pour réveiller la France républicaine, la lancer contre les rois coalisés et apporter, de concert avec d’autres Communes, l’organisation nécessaire dans le grand mouvement des volontaires de 1792. Et lorsque les hésitations de l’Assemblée, les velléités royalistes de la plupart de ses membres et leur haine de la Commune insurrectionnelle eurent amené la population parisienne aux fureurs frénétiques des journées de septembre, ce fut encore des sections et de la Commune que vint l’apaisement. Dès que l’Assemblée législative se décida enfin à se prononcer, le 4 septembre, contre la royauté et les divers prétendants au trône de France, et qu’elle signifia cette décision aux sections, celles-ci, nous l’avons vu, se fédérèrent de suite pour mettre fin aux