Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/420

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tion. Par conséquent le vrai pouvoir, l’initiative, l’action restaient aux mains de Danton pour la guerre et la diplomatie, et aux mains de la Commune de Paris, des sections, des sociétés populaires et, en partie, du club des Jacobins, pour les mesures révolutionnaires à l’intérieur. Impuissante pour l’action, la Gironde dirigea ses attaques furieuses contre ceux qui agissaient, principalement contre le « triumvirat » de Danton, Marat et Robespierre, qu’elle accusa violemment de tendances dictatoriales. Il y eut des jours où l’on se demandait si ces attaques n’allaient pas aboutir ; si Danton n’allait pas être frappé d’ostracisme et Marat envoyé à l’échafaud.

Cependant, comme la Révolution n’avait pas encore épuisé ses forces vives, toutes ces attaques échouèrent. Elles ne firent que passionner le peuple en faveur de Marat (surtout dans les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau) ; elles grandirent l’influence de Robespierre aux yeux des Jacobins et de la bourgeoisie démocratique ; et elles élevèrent Danton aux yeux de tous ceux qui aimaient la France républicaine combattant les rois, et voyaient en lui l’homme d’action, capable de tenir tête à l’invasion, de déjouer les complots royalistes à l’intérieur et d’affermir la République, au risque même de sa tête et de sa réputation politique.

Dès les premières séances de la Convention, son côté droit, les Girondins, renouvelaient déjà la lutte haineuse contre la Commune de Paris qu’ils avaient menée dans la Législative depuis le 11 août. C’est à l’insurrection préparée par la Commune qu’ils doivent le pouvoir — c’est à elle qu’ils s’attaqueront avec une haine qu’ils n’ont jamais eue pour les conspirateurs de la Cour.