Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/421

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Il serait fatigant de raconter ici au long ces attaques de la Gironde contre la Commune. Il suffira d’en mentionner quelques-unes.

Ce furent d’abord des sommations de reddition des comptes, adressées à la Commune et à son Comité de surveillance, ainsi qu’à Danton. Il est évident que pendant les mois mouvementés d’août et de septembre 1792, dans les circonstances extraordinaires créées par le mouvement du 10 août et l’invasion étrangère, l’argent dut être dépensé par Danton, le seul homme actif du ministère, sans trop compter, soit pour les négociations diplomatiques qui amenèrent la retraite des Prussiens, soit pour saisir les fils du complot du marquis de la Rouërie en Bretagne et des princes en Angleterre et ailleurs. Il est aussi de toute évidence qu’il ne fut pas facile au comité de surveillance de la Commune, qui équipait et expédiait chaque jour en toute hâte les volontaires à la frontière, de tenir une comptabilité très exacte. Eh bien, ce fut précisément sur ce point faible, que les Girondins portèrent leurs premiers coups et leurs insinuations, en exigeant (dès le 30 septembre) une reddition complète des comptes. L’exécutif de la Commune (le Comité de surveillance) parvint à rendre brillamment ses comptes et à justifier ses actes politiques[1]. Mais pour la province, un doute d’honnêteté resta suspendu sur Danton et la

  1. Sur 713.885 livres de recettes il n’avait dépensé que 85.529 livres dont il rendit tous les comptes avec éclat (Louis Blanc, II, 62). Giraut, à l’accusation de terreur, prouva plus tard, qu’en quatre mois le Comité n’avait arrêté que 326 personnes. Si les terroristes girondins, après thermidor, avaient seulement su être aussi modestes !