Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/427

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était venu pour leur enlever toutes leurs conquêtes. Et c’était, surtout, nous l’avons vu, dans la région de l’Est que le soulèvement des villes et des campagnes avait le mieux réussi à abattre la féodalité.

Mais l’enthousiasme ne suffisait pas pour vaincre. L’armée prussienne avançait, et, unie à l’armée autrichienne, elle entrait déjà dans la forêt de l’Argonne qui s’étend sur une longueur de onze lieues, en séparant la vallée de la Meuse de la Champagne pouilleuse. L’armée de Dumouriez essaya vainement, par des marches forcées, d’y arrêter l’invasion. Elle ne réussit qu’à occuper à temps une position avantageuse à Valmy, à la sortie de la grande forêt, et ici les Prussiens subirent le 20 septembre leur premier échec, en essayant de s’emparer des collines occupées par les soldats de Dumouriez. Dans ces conditions, la bataille de Valmy fut une victoire importante des peuples sur les rois – et elle fut saluée comme telle par Gœthe qui accompagnait l’armée du duc de Brunswick.

L’armée prussienne, arrêtée d’abord sous des pluies torrentielles dans la forêt de l’Argonne et manquant de tout dans les plaines arides qui s’étalaient devant elle, était en proie à la dysenterie qui y faisait des ravages affreux. Les routes étaient détrempées, les paysans à l’affût — tout présageait une campagne désastreuse.

Alors Danton négocia avec le duc de Brunswick la retraite des Prussiens. Quelles en furent les conditions, on ne le sait pas jusqu’à présent. Danton promit-il, comme on l’a affirmé, de faire tous ses efforts pour sauver la vie de Louis XVI ? C’est possible. Mais si cette promesse