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Dès lors, jusqu’à la Révolution, Lyon va rester un foyer d’émeutes, et en 1789, ce seront les émeutiers de 1786 qui seront élus électeurs.

Tantôt ce sont des soulèvements d’un caractère religieux, tantôt c’est pour résister aux enrôlements militaires — chaque levée de milices amenait une émeute, dit quelque part Turgot ; ou bien, c’est contre la gabelle que le peuple se révolte, ou bien encore pour ne pas payer les dîmes. Mais tout le temps il y a des émeutes, et c’est surtout dans l’est, le sud-est et le nord-est — foyers futurs de la Révolution — qu’elles éclatent en plus grand nombre. Elles vont toujours en grandissant, et enfin, en 1788, à la suite de la dissolution des cours de justice que l’on appelait les parlements, et qui furent remplacées par des « cours plénières », les émeutes se propagent un peu partout dans la France.

Il est évident que pour le peuple il n’y avait pas grande différence entre un parlement et une « cour plénière ». Si les parlements ont refusé quelquefois d’enregistrer des édits faits par le roi et ses ministres, ils n’ont témoigné, par contre, d’aucune sollicitude pour le peuple. Mais puisque les parlements faisaient opposition à la Cour, cela suffisait ; et lorsque les émissaires de la bourgeoisie et des parlements allaient chercher renfort chez le peuple, celui-ci s’ameutait volontiers pour manifester de cette façon contre la Cour et les riches.

En juin 1787, le parlement de Paris se rendit populaire pour avoir refusé de l’argent à la Cour. La loi exigeait que les édits du roi fussent enregistrés par le parlement, et le parlement de Paris enregistra volontiers certains édits concernant le commerce des grains,