Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/441

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au milieu des armées allemandes ou anglaises, il n’y a qu’une remarque à faire. Tant que le pouvoir royal était considéré par les possédants et les prêtres (et il l’est encore) comme le meilleur moyen de tenir en bride ceux qui veulent déposséder les riches et rabaisser la puissance des prêtres, — le roi, mort ou vivant, emprisonné ou libre, décapité et canonisé, ou bien chevalier errant auprès d’autres rois, aurait toujours été l’objet d’une légende attendrissante propagée par le clergé et tous les intéressés.

Au contraire, en envoyant Louis XVI à l’échafaud, la Révolution achevait de tuer un principe, que les paysans avaient commencé à tuer à Varennes. Le 21 janvier 1793, la partie révolutionnaire du peuple français comprit parfaitement que le pivot de toute la force qui, des siècles durant, avait opprimé et exploité les masses, était enfin brisé. La démolition de cette puissante organisation qui écrasait le peuple, commençait ; son arche était brisée, et la révolution populaire prenait un nouvel élan.

Depuis lors, la royauté de droit divin n’a jamais pu se rétablir en France, même avec l’appui de l’Europe coalisée, même avec l’aide de l’épouvantable Terreur Blanche de la Restauration. Et les royautés issues des barricades ou d’un coup d’État n’ont pas réussi non plus, on l’a bien vu en 1848, en 1870. La superstition de la royauté tuée, c’était autant de gagné.

Tout fut fait cependant par les Girondins pour empêcher la condamnation de Louis XVI. Ils invoquèrent tous les arguments juridiques, ils eurent recours à toutes les ruses parlementaires. Il y eut même des moments où