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où il jura la Constitution, en septembre 1791, aux acclamations enthousiastes de la bourgeoisie parisienne. Puis vint la correspondance de Marie-Antoinette avec Fersen, faite à l’entière connaissance du roi. Rien de plus odieux que cette correspondance. Du fond des Tuileries, les deux traîtres, la reine et le roi, appellent l’invasion, la préparent, lui tracent le chemin, la renseignent sur les forces et les plans militaires. C’est l’entrée triomphale des alliés allemands dans Paris et le massacre en masse des révolutionnaires qu’Antoinette prépare de sa main délicate et habile. Le peuple avait bien compris celle qu’il appela « la Médicis », et que les historiens veulent nous représenter aujourd’hui comme une pauvre étourdie[1].

Au point de vue légal, on n’a donc rien à reprocher à la Convention. Quant à savoir si l’exécution du roi n’a pas fait plus de mal que n’en aurait pu causer sa présence

  1. Fersen, l’ami de Marie-Antoinette, a consigné dans son journal intime ce que ces conjurés préparaient aux patriotes français. Le ministre de Prusse, le baron de Beck, désapprouvait tout haut qu’on n’exterminât pas les Jacobins des villes où l’on passait. Quant au comte de Mercy il disait qu’il fallait beaucoup de sévérité et qu’il fallait mettre le feu aux quatre coins de Paris.

    Le 11 septembre, Fersen écrit au baron de Breteuil que, puisque le pays conquis par les troupes allemandes ne cède qu’à la force, « dans ce cas la clémence me paraît extrêmement pernicieuse. C’est le moment de détruire les Jacobins. » Exterminer les chefs dans tous les endroits où l’on passera, lui semble le meilleur moyen ; « il ne faut pas se flatter de les ramener par la douceur ; il faut les exterminer, et voilà le moment. » Et Breteuil lui répond qu’il en a parlé au duc de Brunswick. Mais le duc de Brunswick est trop doux. Le roi de Prusse semble être mieux. « Varennes, par exemple, doit être châtié ces jours-ci. » Voyez Le comte de Fersen et la Cour de France. Extrait des papiers… publié par son petit-neveu, le baron R. M. De Klingkowström, Paris, 1877, t. II, pp. 360 et suivantes.