Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/459

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qui jusque-là s’étaient donnés à la Révolution, se séparèrent du peuple. L’effort du peuple, cherchant à constituer ses organes politiques dans les sections de Paris et les Sociétés populaires dans toute la France, son désir de marcher de l’avant dans la voie de l’Égalité, furent à leurs yeux un danger pour toute la classe propriétaire, un crime.

Et dès lors, les Girondins résolurent d’arrêter la Révolution : d’établir un gouvernement fort et de réduire le peuple — par la guillotine, s’il le fallait.

Afin de comprendre le grand drame de la Révolution qui aboutit à l’insurrection de Paris du 31 mai et à « l’épuration » de la Convention, il faut lire les Girondins eux-mêmes ; et sous ce rapport les pamphlets de Brissot : J.-P. Brissot à ses commettants (23 mai 1793), et À tous les Républicains de France (24 octobre 1792), sont spécialement instructifs.

« Je crus, en arrivant à la Convention, — dit Brissot, — que puisque la royauté était anéantie, puisque tous les pouvoirs étaient entre les mains du peuple, ou de ses représentants, les patriotes devaient changer leur marche d’après le changement de leur position.

« Je crus que le mouvement insurrectionnel devait cesser, parce que là où il n’y avait plus de tyrannie à abattre, il ne doit plus y avoir de force en insurrection. » (J.-P. Brissot à ses commettants, p. 7.)

« Je crus, dit plus loin Brissot, que l’ordre seul pouvait procurer ce calme ; que l’ordre consistait dans un respect religieux pour les lois, les magistrats, la sûreté individuelle… Je crus en conséquence que l’ordre aussi était une vraie mesure révolutionnaire… Je crus donc