Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/469

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cesse leurs regards vers la loi — royale et féodale ; heureusement les anarchistes s’en mêlèrent. Seulement ils comprirent que leur place n’était pas à la Convention, au milieu des représentants, — mais dans la rue ; que s’ils mettaient jamais le pied dans la Convention, ce ne serait pas pour parlementer avec les Droites et « les crapauds du Marais » : ce serait pour exiger quelque chose, soit du haut des tribunes, soit en venant envahir la Convention avec le peuple.

De cette façon, peu à peu « les brigands (Brissot parle des « anarchistes ») ont audacieusement levé la tête. D’accusés, ils se sont transformés en accusateurs ; de spectateurs silencieux de nos débats, ils en sont devenus les arbitres ». « Nous sommes en révolution », — telle était leur réponse.

Eh bien, ceux que Brissot appelait les « anarchistes » voyaient plus loin et faisaient preuve d’une sagesse politique plus grande que ceux qui prétendaient gouverner la France. Si la Révolution s’était terminée par le triomphe des Brissotins, sans avoir aboli le régime féodal, ni rendu la terre aux communes, — où en serions-nous aujourd’hui ?

Mais peut-être Brissot formule-t-il quelque part un programme et expose-t-il ce que les Girondins proposent pour mettre fin au régime féodal et aux luttes qu’il provoque ? À ce moment suprême, lorsque le peuple de Paris demande que l’on chasse les Girondins de la Convention, il dira peut-être ce que les Girondins proposent, pour satisfaire, ne fût-ce qu’une partie des besoins populaires les plus pressants ?

Il n’en est rien, absolument rien !